5 juin, 2014D’une voix faible et après avoir souffert de bouffées de nausée, Hugo Gonzales Chirico, leader syndical chez ACEPAR, a confié sa détermination à poursuivre sa grève de la faim entamée le 22 mai pour défendre les droits des travailleurs. Il condamne la classe politique au pouvoir au Paraguay qui, dit-il, est complice des pseudo-employeurs qui font peu de cas des droits de l’homme et des travailleurs.
Entre avril et novembre 2010, le SITRAC (Syndicat des Travailleurs d’ACEPAR) est parti en grève pour protester contre le non-respect par l’entreprise de la convention collective en vigueur, l’absence de respect des droits fondamentaux des travailleurs et le licenciement de 325 salariés, ce qui a exacerbé le conflit. Le syndicat a connu les épreuves de la lutte sociale depuis 2001 et ses premières tentatives pour que l’entreprise observe les termes de la convention collective.
La Cour Suprême a tranché en faveur du SITRAC en juillet 2009, en reconnaissant la validité de la convention collective en vigueur. Cependant, la direction de cette entreprise sidérurgique, dirigée à cette époque par l’homme d’affaire argentin Sergio Taselli, n’a pas appliqué la convention.
“Dans ce pays, il n’y a pas de sécurité juridique pour les petits investisseurs, il ne peut y avoir aucun développement, encore moins la moindre équité, affirme Chirico, qui espère que ses revendications seront entendues. Parmi celles-ci, “une compensation morale et financière pour les victimes d’ACEPAR”, le respect pour la propriété des travailleurs qui ont investi dans l’entreprise, une enquête et des sanctions pour “ceux qui sont responsables de démembrement d'actif“ et de crimes contre l’environnement, la fin de la “persécution des travailleurs et des syndicalistes d’ACEPAR”, le rétablissement des emplois et le respect de la décision de la Cour Suprême, qui a établi que la convention collective entre le SITRAC et ACEPAR était valable et le respect des réglementations qui s’appliquent à la convention collective.
Ce n’est pas la première fois que Chirico se retrouve dans cette situation. Il est déjà parti en grève de la faim il y a treize ans mais confie que maintenant, à 62 ans, c’est plus difficile. Cependant, on lui a notifié la cessation prochaine de la personnalité juridique du SITRAC, “tout cela fait partie d’une politique pour détruire certains mouvements sociaux”, précise-t-il.
Les travailleurs d’ACEPAR ont exprimé leur solidarité avec le Secrétaire général du SITRAC et, le 28 mai, ils ont défilé dans les rues de Villa Hayes pour lui marquer leur soutien ainsi qu’à son appel vers le gouvernement et les autorités judiciaires pour que la propriété privée ne soit pas violée.
Les travailleurs ont également dénoncé le président du pays, Horacio Cartes, pour être responsable du déni de propriété des petits investisseurs et avoir porté préjudice aux intérêts du véritable capital paraguayen, représenté par Cootrapar Ltd. qui détient 33,33% des parts d’ACEPAR et est protégé par la Constitution nationale et d’autres lois.
ACEPAR S.A. est maintenant la propriété de la compagnie brésilienne Vectorial, qui est parvenue à un accord sur des retraites anticipées avec certains travailleurs. Le SITRAC va continuer à se battre pour obliger l’entreprise à se conformer à la décision de la Cour Suprême, qui est en faveur du syndicat, à savoir que la convention collective entre l’entreprise et le syndicat est parfaitement valable.
Les membres du syndicat vont continuer à organiser des manifestations devant la Coopérative des Travailleurs d’ACEPAR et Chirico dit qu’il poursuivra sa grève de la faim au finish : “Si j’y laisse la vie”, dit-il, “les autorités, qui n’ont jamais été du côté de la classe ouvrière, seront redevables devant Dieu et la Mère Patrie”.
Le Bureau régional d’IndustriALL Global Union pour l’Amérique latine et les Caraïbes tient les employeurs et le gouvernement responsable de toute détérioration de la santé physique et mentale de notre collègue Hugo Gonzalez Chirico et exige que des négociations soient ouvertes dans le but de trouver une solution rapide à ce conflit.