7 avril, 2016En mars, Hugo Boss a renvoyé Meryem Bicakci parce qu’elle soutenait la campagne de syndicalisation du syndicat Teksif (Syndicat turc des Industries du Textile, du Tricot et de l’Habillement) dans son usine. Ce nouveau cas de licenciement fait partie d’une campagne antisyndicale menée de longue date par l’enseigne haut-de-gamme de la confection au sein de sa plus importante usine de production implantée à Izmir, en Turquie.
La marque établie en Allemagne a également accru sa pression sur deux autres syndicalistes clés, Fikri Mutlu et Murat Akgün. L’objectif est clair : contraindre par la peur les travailleurs à ne pas se syndicaliser.
La direction de la société Hugo Boss a indiqué à IndustriALL, son affilié Teksif ainsi qu’à de nombreux tiers qu’elle resterait neutre lors des campagnes de syndicalisation menées par Teksif à Izmir. Or, dans le même temps, intimidations, menaces, harcèlements et licenciements continuent de peser sur les travailleurs qui soutiennent le syndicat.
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a déclaré :
« IndustriALL Global Union condamne avec la plus grande fermeté l’attaque anti-syndicaliste concertée menée par la direction de Hugo Boss à Izmir, en Turquie. Le dernier licenciement survenu de Meryem Bicakci, une supportrice du syndicat de l’usine bien connue, est une preuve de plus que la politique anti-syndicaliste de la direction d’Izmir n’a pas changé. La direction de la société Hugo Boss qui se trouve à Metzingen soutient ou du moins n’est pas disposée à stopper les violations graves des droits des travailleurs qui surviennent quotidiennement dans sa plus importante usine de production. »
Comme il l’a fait pour Suleyman Budak et Abdullah Satan, mis à la porte au cours des derniers mois de 2015 pour avoir soutenu le syndicat Teksif, IndustriALL a, tout au long de l’année 2015, lors de réunions en face-à-face à Metzingen et à Genève, et par écrit, spécifiquement alerté Hugo Boss à propos des allégations sans fondement faites par la direction locale contre Meryem Bicakci.
La direction d’Izmir a essayé de forcer ces trois militants syndicaux à arrêter leurs activités syndicales en les effrayant. Devant l’inefficacité de la méthode, ceux-ci ont été mis à la porte sur des accusations sans fondement dans le but de faire comprendre au reste du personnel que tout soutien au syndicat sera sanctionné par un renvoi.
La direction d’Izmir a procédé à ces licenciements tout en sachant que Abdullah, Suleyman et Meryam porteraient leur licenciement abusif pour leurs activités syndicales devant un tribunal et gagneraient au bout du compte. La direction préfère être condamnée par les tribunaux turcs plutôt que de permettre à ses travailleurs de soutenir librement un syndicat de leur choix.
Les tribunaux du travail locaux et la Cour d’appel ont récemment statué sur la réintégration des 20 travailleurs mis à la porte par Hugo Boss en raison du fait qu’il avait été mis fin à leurs contrats de travail pour syndicalisation.
Le rapport très critique de la Fair Labor Association (FLA) publié en janvier 2016 fait apparaître une longue liste de violations graves au droit turc, au code de conduite de la FLA et au propre code de conduite de Hugo Boss à l’usine d’Hugo Boss d’Izmir.
Quoique les violations en matière de santé et de sécurité, de contrats, de procédés d’embauches, de pratiques disciplinaires, d’horaires de travail et de salaires soient graves, nos griefs en matière d’actions antisyndicales, d’intimidations et de renvois opérés par la direction d’Izmir se voient reconfirmer par les données recueillies sur les relations sociales.
Hugo Boss étant un membre payant de la FLA, ces conclusions publiques renforcent considérablement celles faites, au cours de ces dernières années, par IndustriALL Global Union, Teksif, les tribunaux locaux turcs et la Cour d’appel.
Bien que Teksif soit le seul à syndiquer les travailleurs d’Hugo Boss à Izmir, Hugo Boss a indiqué devoir rester neutre entre les nombreux syndicats dans le but d’affaiblir la demande de Teksif en matière de reconnaissance et de droits de négociations.
La poursuite d’un dialogue avec IndustriALL est une autre désinformation diffusée par Hugo Boss. Deux entretiens à huis clos et une correspondance par courriel n’équivalent pas à dialoguer.
Il n’y a jamais eu de dialogue parce que Hugo Boss a choisi de ne donner suite à aucune des demandes d’IndustriALL :
- Arrêter les intimidations faites et les menaces proférées au sein de l’usine à l’encontre des travailleurs qui se syndicalisent;
- Réintégrer les travailleurs renvoyés pour s’être syndiqués (comme mesure de réparation);
- Organiser une réunion au sein de l’usine avec IndustriALL, Teksif et les travailleurs licenciés afin de préparer leurs réintégrations et de se mettre d’accord sur une voie à suivre pour développer les relations sociales;
- Adopter un mémorandum commun entre Hugo Boss et IndustriALL sur la liberté d’association devant être communiqué conjointement par IndustriALL et Hugo Boss lors de réunions publiques avec le personnel;
- Permettre à IndustriALL de se rendre sur le lieu de travail.