6 juillet, 2017Des dirigeants syndicaux du monde entier ont manifesté bruyamment devant les grilles du sidérurgiste Ternium, à Ciudad de Guatemala le 5 juillet, pour réclamer que cette entreprise respecte la loi et négocie avec le syndicat.
Ils venaient de terminer la réunion annuelle du Conseil mondial des travailleurs de Tenaris - Ternium, qui s'est tenue du 3 au 5 juillet. Ce Conseil regroupe les syndicats de Ternium, qui exploite des aciéries en Amérique latine et aux États-Unis, et du fabricant de tubes en acier Tenaris. Les deux firmes, dont les ventes représentaient 15 milliards $ en 2016, appartiennent à Techint, dont le siège est à Luxembourg.
Le Conseil a décidé de cette manifestation après que la direction de Ternium ait laissé sans réponse ses demandes répétées pour une réunion. Au lieu de représentants de la direction, c'est une vingtaine de gardes en armes, de policiers et de militaires qui ont accueilli le Conseil aux grilles de l'usine. Les membres du Conseil ont ensuite été rejoints, au changement d'équipes, par des dizaines de travailleurs de Ternium et par des sympathisants d'autres syndicats guatémaltèques.
Pendant la réunion, les participants venus de huit pays ont une fois encore appelé Tenaris et Ternium à reconnaître officiellement le Conseil et à collaborer avec lui sur des questions d'intérêt commun, comme la santé et la sécurité. Trois salariés de Tenaris sont décédés en 2016.
Ils ont discuté de stratégies pour faire face aux défis actuels, parmi lesquels les pratiques déloyales du commerce international et l'utilisation des nouvelles technologies pour réduire l'emploi. Une question récurrente est de savoir pourquoi Ternium refuse de négocier avec le syndicat Sintraternium, membre de notre affilié FESTRAS, dans son usine du Guatemala, alors qu'elle reconnaît les syndicats dans tous ses autres établissements.
Le vice-ministre du Travail guatémaltèque Guillermo Gándara a rencontré le Conseil au début de la semaine et s'est engagé à obliger Ternium à rencontrer Sentraternium si elle ne l'a pas fait dans les trente jours.
Lors de la Conférence internationale du travail du mois de juin, le directeur d'IndustriALL Fernando Lopes a accusé le gouvernement guatémaltèque de ne pas faire appliquer la loi qui impose à Ternium de négocier collectivement avec Sintraternium cinq ans après l'enregistrement du syndicat.
Pour la direction du syndicat, Ternium "a instauré un climat de terreur" au Guatemala. L'entreprise a licencié illégalement tout le comité d'organisation du syndicat et a refusé de les réintégrer jusqu'à ce qu'un arrêt de la Cour suprême l'y oblige, il y a deux ans. En toute illégalité toujours, Ternium refuse un congé rémunéré aux activistes syndicaux et de prélever les cotisations sur les salaires de ses membres dans le but de le priver des ressources nécessaires à son fonctionnement.
Une action de soutien de ce comité avait aidé le syndicat Sintratucar à se faire reconnaître par Tenaris après une campagne antisyndicale du même genre en 2010 en Colombie.
"Ce que Ternium fait aux travailleurs guatémaltèques est honteux; et il est tout aussi honteux que le gouvernement du Guatemala ne fasse rien pour l'empêcher," a déclaré le directeur d'IndustriALL en charge des métaux de base, Adam Lee.
"IndustriALL et le Conseil mondial des travailleurs de Tenaris - Ternium exhortent Ternium à mettre fin à sa campagne antisyndicale, à reconnaître Sintraternium et à négocier une convention collective équitable. Nous nous sommes engagés à soutenir ce combat sur les lieux de travail que représente le Conseil, à l'OIT et à Luxembourg jusqu'à ce que l'entreprise cède."