17 juin, 2013IndustriALL Global Union soutient totalement la grève générale décidée par cinq grandes centrales syndicales et organisations professionnelles, DISK, KESK, TMMOB, TTB et TDB, qui a lieu aujourd’hui 17 juin, pour dénoncer la violence continue du gouvernement et la brutalité des forces de police contre des manifestations pacifiques.
Les manifestations pacifiques qui ont lieu depuis le 31 mai à Istanbul et dans d’autres villes turques continuent de faire face à la brutalité excessive des forces de police. Coordonnées par le groupe appelé “Taksim Solidarity” formé de 117 éléments constitutifs différents, parmi lesquels des syndicats, les actions menées par de simples citoyens et citoyennes ont commencé par des rassemblements pour sauver de la destruction le célèbre Parc Gezi transformé en un autre centre commercial ou une soi-disant caserne historique de l’artillerie ou encore un musée de la ville.
Sous une pression grandissante de la société civile, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan, a rencontré à plusieurs reprises des représentant(e)s de la plate-forme, la dernière fois vendredi matin, et le porte-parole du gouvernement a déclaré que la décision du tribunal, qui a déjà suspendu la mise en exécution de la décision de la municipalité de construire un centre commercial au Parc Gezi, serait respectée, et d’avoir recours à un référendum si le verdict final était différent. À la suite de la rencontre avec le Premier ministre, Taksim Solidarity a demandé à tous les éléments constitutifs de se rencontrer au Parc Gezi pour examiner la situation et décider de la manière d’aller de l’avant. Il a été finalement décidé, samedi 15 juin, de poursuivre la lutte dans le parc jusqu’à ce que les revendications soient satisfaites.
Dans le même temps, le Premier ministre Erdogan a donné un ultimatum aux manifestant(e)s pour évacuer la Parc Gezi dans les 24 heures, sinon le gouvernement ferait le nécessaire. Samedi soir, contrairement aux décisions annoncées précédemment, les forces de police ont pénétré dans le parc en bloquant tous les accès à la place Taksim, et ont commencé à attaquer la foule avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes tirés de véhicules blindés. Elles ont chargé dans le parc noyé sous des nuages blancs de gaz. Alors que la nouvelle se répandait, la population d'Istanbul descendait dans la rue, tant du côté asiatique que européen de la ville, et commençait à marcher vers Taksim, en groupes nombreux qui bloquaient le trafic sur la voie à grande circulation. La police continuait de bombarder de gaz les espaces fermés, comme des hôtels et des hôpitaux de campagne.
La violence excessive a causé un grand nombre de morts et de blessés. Alors que 55 personnes ont subi des blessures graves, 91 souffrent de traumatismes crâniens, et cinq personnes ont été hospitalisées dans les conditions critiques à Ankara, Istanbul et Eskisehir. Quinze personnes ont perdu un œil, et une personne a dû subir une ablation de la rate. Selon l'association des médecins turcs, “au total 7.478 personnes dans 13 provinces ont dû se rendre dans des hôpitaux privés, des centres médicaux ou des cliniques de fortune proches des zones de conflit”.
Un autre fait inquiétant est que des milliers de personnes sont détenues, et que pour beaucoup de manifestant(e)s on ne peut pas savoir où ils se trouvent du fait que police les a embarqués sans donner aucune information. Dans toutes les villes, des millions de personnes descendent dans la rue pour demander la démission du gouvernement. Selon les chiffres publiés dans la presse, on estime que près de 10 millions de gens ont rejoint cette mobilisation, mais ce nombre pourrait être plus élevé. Le gouvernement interdit toute tentative de mobilisation vers le Parc Gezi. Il a catalogué les manifestant(e)s comme étant des “groupes marginaux et illégaux" ou même des “terroristes”.
Le 16 juin, les cinq centrales syndicales et organisations professionnelles importantes, DİSK (Confédération des syndicats progressistes), KESK (Confédération des syndicats de fonctionnaires), TMMOB (syndicat turc des chambres d'ingénieurs et d’architectes), TTB (association turque des médecins) et TDB (association turque des dentistes) ont décidé de déclencher une grève générale pour protester contre la répression décidée par le gouvernement et les attaques contre des manifestations pacifiques qui constituent clairement des infractions contre les droits fondamentaux.
IndustriALL Global Union a envoyé une lettre de protestation au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, et une lettre de solidarité au président de la confédération DİSK.
Au Premier ministre Erdogan, Raina a écrit:
C'est avec une profonde indignation que nous avons suivi la répression violente de votre gouvernement contre des manifestant(e)s pacifiques depuis le 31 mai. Cette réaction brutale et autoritaire de votre gouvernement a été diffusée dans le monde entier, et partout les membres de IndustriALL sont écœurés et de plus en plus inquiets pour la sécurité de leurs camarades ouvriers en Turquie.
Au président général de la confédération DISK, Raina a écrit:
IndustriALL Global Union continue de se tenir au coude à coude avec les personnes qui ont répondu en grand nombre aux mobilisations décidées par la plate-forme de la société civile, notamment les syndicats, depuis fin mai.