15 mars, 2018Quatre-vingt-dix membres du syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (NUMSA) employés dans les trois centrales électriques appartenant à Abengoa Solar en Afrique du Sud sont en grève pour revendiquer de plus hauts salaires et bénéfices sociaux.
Selon l’affilié à IndustriALL Global Union, NUMSA, les travailleurs se voient refuser l’aide médicale, l’allocation logement, la caisse de prévoyance et d’autres avantages sociaux qu’ils recevraient normalement s’ils étaient employés par le fournisseur d’électricité public Eskom. La totalité de leurs bas salaires est consacrée au règlement de ces dépenses.
La grève a de l’importance dans la mesure où l’Afrique du Sud passe à une production d’énergie renouvelable pour abaisser les émissions de carbone en tant que signataire de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. La majorité de l’électricité est actuellement produite par les centrales électriques alimentées au charbon qui emploient des dizaines de milliers de travailleurs dans l’industrie houillère.
Néanmoins, NUMSA craint que la transition vers les énergies renouvelables ne renferme aucune disposition relative aux travailleurs susceptibles de perdre leurs emplois dans l’industrie houillère, ou à la génération de bénéfices plus élevés pour la collectivité:
« Le ministre de l’énergie a fait valoir que ces entreprises (d’énergie renouvelable) créeraient des "débouchés entrepreneuriaux" au profit de nos collectivités rurales ». Nos membres peuvent confirmer que ce sont des foutaises. Il y a très peu de développement économique et certainement pas de débouchés pour l’entrepreneuriat dans les alentours de l’entreprise », a indiqué NUMSA dans un communiqué.
Le 12 mars, NUMSA et Transform SA ont introduit avec succès une demande en vue d’obtenir une requête d’interdiction à la cour pour empêcher Eskom de signer 27 contrats en matière d’énergies renouvelables connus sous le nom de Projets indépendants de production d’électricité (IPP).
NUMSA a indiqué n’être pas opposé aux énergies renouvelables mais être vivement préoccupé par les propositions faites par le gouvernement de mettre la totalité de la production d’énergies renouvelables entre les mains d’intérêts privés par le biais des projets indépendants de production d’électricité. Tout comme mettre la population sud-africaine à la merci des entreprises privées dans la fixation des prix de l’énergie. La privatisation des énergies renouvelables ne laisse aucune place pour une Transition juste pour les travailleurs qui perdent leur emploi dans l’industrie houillère.
Brian Kohler, directeur d’IndustriALL pour la santé, la sécurité et la durabilité, a déclaré:
« L’Afrique du Sud ne doit pas renoncer à sa responsabilité envers l’énergie du futur, ni tourner le dos aux dizaines de milliers de travailleurs dans l’industrie houillère. Une Juste transition exige une protection sociale solide et intégrale, une politique industrielle durable et des programmes d’ajustement du marché du travail novateurs ».
« Il n’existe rien d’inhérent aux emplois plus verts qui garantisse l’équité – ils suivront tous la logique du capitalisme si l’Etat n’impose pas de conditions et de limites à leur comportement », a ajouté Kohler.