12 juillet, 2018Goodyear a mis dehors de manière inéquitable des dizaines de travailleurs et travailleuses de son usine de San Luis Potosí, au Mexique, pour la seule raison d’avoir voulu s’organiser en un syndicat indépendant, libre et démocratique.
La multinationale, qui est spécialisée dans la fabrication de pneumatiques, a annoncé le licenciement collectif d’environ 50 personnes le 9 juillet. Les travailleurs affirment que l’acte posé par l’entreprise est un geste de vengeance pour les punir de leur décision de mettre sur pied un syndicat indépendant au sein de l’usine.
“Le conseiller juridique de l’entreprise, José María de la Garza, est venu chez moi et, d’un air autoritaire, m’a annoncé que j’allais être viré. Quand je lui ai demandé la raison, il m’a dit que c’était en représailles de mon action pour promouvoir un mouvement des travailleurs authentique,” a expliqué un travailleur de Goodyear à la presse.
Les travailleurs ont décidé de se croiser les bras pour protester contre les licenciements. Goodyear, avec le soutien de la Confédération des travailleurs mexicains (CTM), un syndicat jaune et corrompu présent dans l’entreprise, a autorisé l’entrée dans l’usine d’hommes de main pour intimider les travailleurs et surveiller leur comportement.
D’autres hommes de main ont déambulé dans l’usine, armé de bâtons et de pierres, pendant que l’entreprise faisait appel à d’importante forces de la police fédérale pour garder le périmètre extérieur de l’usine.
La CTM est dirigée par le Sénateur Tereso Medina, un dirigeant syndical connu pour sa propension à signer des “contrats de protection”, des conventions collectives bidon conclues sans l’accord ni même la connaissance des travailleurs et travailleuses.
Dans un courrier à Richard Kramer, PDG de la Goodyear Tire & Rubber Company, Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL Global Union a écrit :
En plus d’être une violation flagrante de l’éthique et de la législation syndicale, il s’agit également d’une violation d’un accord écrit, signé par Goodyear le 25 avril 2018, sous la médiation des autorités mexicaines du travail. Cet accord avait mis fin aux manifestations des travailleurs à l’usine et il stipulait clairement que l’entreprise n’exercerait aucune représaille à l’égard des grévistes.
Les travailleurs et travailleuses ont fondé le Syndicat indépendant des travailleurs de Goodyear Mexique pour s’assurer que l’entreprise respecte leurs droits fondamentaux et pour se débarrasser du contrat de protection signé par la CTM, qui a le soutien des employeurs.
“Nous ne recherchons pas de bataille ni de conflit, tout ce que nous demandons est d’avoir le droit de négocier directement avec l’entreprise,” a indiqué un des représentants du nouveau syndicat lors d’une conférence de presse qui s’est tenue en présence du Secrétaire au Travail à San Luis de Potosí le 10 juillet.
Les travailleurs affirment que la direction de l’usine les manipule depuis 2015 lorsqu’elle a signé un contrat de protection avec la CTM, à savoir deux ans avant que l’exploitation ne démarre à l’usine. À l’époque, il n’y avait en réalité pas encore un seul salarié employé par l’entreprise américaine. Ils affirment également qu’ils n’ont jamais eu l’opportunité de rencontrer les soi-disant dirigeants du syndicat qui a signé en leur nom avec l’employer une convention collective qui leur est très défavorable.
“En ce qui concerne IndustriALL, l’attitude de l’entreprise est totalement inacceptable et fait voler en éclat les espoirs de changement qui sont apparus lors des récentes élections présidentielles. Nous allons poursuivre notre soutien aux travailleurs et travailleuses de Goodyear et suivre la situation de très près,” a conclu Valter Sanches.