1 juin, 2023Une délégation de représentants syndicaux, d’ONG ainsi que de communautés autochtones concernées d’Australie, du Canada, de Colombie, d’Espagne, du Pérou, du Royaume-Uni et de Suisse a assisté à l’assemblée générale annuelle (AG) de Glencore à Zug, en Suisse, le 26 mai dernier, afin d’exiger des réponses du conseil d’administration de l’entreprise sur son manque flagrant de volonté de s’attaquer aux graves problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l’ensemble de ses activités au plan mondial et sur son aversion pour le dialogue.
Les nombreuses violations des droits des travailleurs et des droits de l’homme commises par Glencore ont dominé la réunion, tout comme les préoccupations exprimées par les communautés indigènes, tandis que l’entreprise sape la Transition juste et réduit au silence ses détracteurs.
Des syndicats, des ONG et des communautés indigènes ont fait part de témoignages effrayants sur l’impact du désengagement irresponsable de Glencore de la mine de charbon de Prodeco en Colombie.
Juan Carlos Solano, de l’affilié colombien d’IndustriALL, SINTRACARBÓN, a déclaré :
“De nombreux emplois sont délocalisés et les conditions de travail des travailleurs de ces entreprises sont moins bonnes. Ils sont harcelés et les salaires ne sont pas à la hauteur. Que va faire Glencore à ce sujet ?”
La communauté indigène Yukpa, de Colombie, vit aux abords d’El Cerrjón, la plus grande mine de charbon d’Amérique latine, propriété de Glencore depuis 2021. Cette communauté souffre de l’exploitation minière à ciel ouvert à grande échelle, les rivières étant détournées ou contaminées. Les dirigeants de la communauté ont expliqué devant l’AG que 40 enfants meurent chaque année à cause d’une eau empoisonnée.
Au cours de la réunion, les critiques n’ont cessé de fuser. Dominic Lemieux, Coprésident de la section des mines et DGOJP, a déclaré :
“Glencore continue de travailler avec des sous-traitants à la mine de cuivre Horne Smelter au Canada, mettant ainsi à mal la convention collective.”
Glencore privilégie un style de gestion non interventionniste, les responsables locaux étant encouragés à prendre des décisions de gestion sans se référer à une norme mondiale. Les questions posées lors de l’assemblée générale annuelle sur l’histoire mouvementée de Glencore, en contradiction avec l’importance croissante de l’ESG, n’ont jamais été directement abordées et ont souvent été renvoyées aux directions locales, responsables de la gestion des mines.
Malgré les critiques constantes, le président du conseil d’administration, Kalidas Madhavpeddi, a répondu à toutes les questions de manière générique et sans jamais présenter d’excuses :
“Glencore respecte les droits de l’homme et travaille en étroite collaboration avec les communautés autochtones. Nous respectons les syndicats et les droits des travailleurs. Nous condamnons toute violation commise à l’encontre des personnes qui travaillent dans les mines et dans les communautés”.
Glen Mpufane, Directeur de la section des mines d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous sommes extrêmement déçus. Malgré les preuves, Glencore a tout nié. Elle renvoie aux activités locales ; le conseil d’administration n’étant responsable de rien. Rien de ce qui a un impact sur les travailleurs ainsi que les communautés riveraines et indigènes n’est la faute de Glencore”.
"Nous allons intensifier notre campagne mondiale : Glencore ne peut pas continuer à faire des profits au détriment du bien-être et de la viabilité des gens.
Cette AG est venue clôturer plusieurs journées de réunions, dont celle du réseau Glencore, ainsi que la pré-AG destinée à la communauté des investisseurs.