20 novembre, 2018Alors que le parlement du Suriname se prépare à débattre d’un accord controversé sur le retrait d’Alcoa du pays et la cession de son barrage hydroélectrique, IndustriALL et ses affiliés des Caraïbes appellent les parlementaires à revoir cet accord de fond en comble.
Alcoa extrait la bauxite depuis 50 ans et l’expédie aux États-Unis pour traitement. Dans les années 1950, l’entreprise a construit un barrage hydroélectrique, une raffinerie et une fonderie pour produire de l’aluminium sur place. À l’époque, Alcoa a conclu une convention avec le gouvernement du Suriname portant sur 75 ans : la convention de Brokopondo.
Pour le Suriname, la bauxite a fourni l’opportunité dont il avait tant besoin de créer des emplois, de développer des compétences et de générer des recettes en devises. Cependant, Alcoa étant une grande entreprise dans un petit pays, elle avait le pouvoir d’imposer un deal lui étant favorable aux dépens de l’État.
En échange, Alcoa s’est engagée à maintenir des activités dans le pays jusqu’en 2033, une promesse déjà rompue en 2015 lorsque la raffinerie a été fermée. À côté des promesses brisées, Alcoa a laissé derrière elle une économie et des communautés brisées.
Un projet de règlement avec Alcoa pour sa sortie a été rejeté par les syndicats et la société civile. Les critiques indiquent que la commission chargée de trouver un accord a servi de porte-voix pour l’entreprise plutôt que de rempart pour les intérêts du pays.
Appel à Alcoa de revenir à la table des négociations
Au cours de la réunion d’IndustriALL pour les Caraïbes, à Paramaribo, au Suriname, les 12 et 13 novembre derniers, à laquelle le Ministre du Travail Soewarto Moestadja a assisté, IndustriALL a répété la revendication de son affilié C-47 d’obtenir un accord équitable pour le Suriname ainsi que pour les travailleurs et travailleuses.
“Alcoa n’aurait jamais accepté que le Suriname se désengage unilatéralement de la convention. Il faut qu’il y ait un accord de sortie qui tienne en compte les intérêts de la population du Suriname”
a déclaré la responsable régionale d’IndustriALL Laura Carter.
La réunion a adopté une déclaration qui appelle à
- la constitution d’une nouvelle commission, où le monde du travail soit représenté
- une alternative forte à la convention de Brokopondo, qui tienne en compte l’impact du passif en termes d’emploi, d’environnement et de fourniture d’énergie qu’Alcoa laisse derrière elle.
IndustriALL Global Union a également condamné Alcoa pour ses attaques à l’encontre des travailleurs et travailleuses en Espagne, Australie et Canada.