5 septembre, 2018Plus de 10.000 travailleurs et travailleuses de cinq usines situées à Nhlangano ont déclenché des actions de masse la semaine dernière pour exprimer leur colère contre les bas salaires. Chez Zheng Yong, certains se sont retrouvés enfermés dans l'usine lorsque l'employeur s'est enfui.
La police a été appelée sur les lieux et a dispersé, à coups de bâtons et par tirs à balles réelles, les travailleurs en colère qui avaient bloqué la ville en signe de protestation. Les esprits se sont enflammés lorsque les négociations ont abouti à une impasse et que la Commission de conciliation, de médiation et d'arbitrage a déclaré le conflit sans issue. D'autres firmes textiles, comme Fashion Enterprises, refusent elles aussi le dialogue avec les syndicats. Les firmes textiles campent sur leurs positions et déclarent vouloir que les négociations aient lieu devant le Conseil des salaires, un organe tripartite de réglementation des conditions d'emploi. Mais cela n'intimide pas l'affilié d'IndustriALL ATUSWA (Syndicats fusionnés du Swaziland) pour qui le Conseil des salaires est uniquement là pour définir une base salariale mais ne remplace pas la négociation collective entre travailleurs et employeurs.
Pour l'ATUSWA, les travailleurs ne gagnent pas le minimum vital et sont dans une situation pénible. Il est choquant que l'amélioration des salaires ne semble pas intéresser les employeurs.
Selon le Secrétaire général de l'ATUSWA, Wander Mkhonza :
"Les employeurs doivent savoir que les travailleurs estiment qu'ils les flouent et les méprisent, tout comme le gouvernement. Le coût de la vie augmente alors que les salaires restent faibles, et ils vivent dans la misère. C'est pourquoi nous réclamons un conseil de négociation paritaire dans le secteur de l'habillement et du textile. Hélas, cette proposition ne rencontre pas l'assentiment des employeurs ni du gouvernement. Nous sommes horrifiés de voir que le gouvernement ne soutient pas la négociation collective, 18 ans après le vote de la Loi sur les relations professionnelles."
Pour Paule France Ndessomin, la Secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne :
"Nous demandons que les firmes du textile d'eSwatini pratiquent des salaires de subsistance. Il est inacceptable que des travailleurs vivent dans la misère alors qu'ils ont un emploi."
Le secteur de l'habillement et du textile d'eSwatini exporte vers l'Afrique du Sud et les États-Unis, dont la loi intitulée Africa Growth and Opportunity Act, et à laquelle ce pays a souscrit, devrait pourtant favoriser le développement et les opportunités de l'Afrique.