7 mai, 2015Une bataille juridique de six ans vient de prendre fin. La Cour d’Appel des États-Unis a tranché en faveur de l’entreprise de charbonnage américaine Drummond, accusée d’avoir conspiré avec des groupes paramilitaires, d’être impliquée dans des accidents du travail et d’avoir menacé de licenciement des travailleurs en Colombie.
Ce jugement met fin à six années de bataille juridique au cours desquelles les dirigeants de Drummond ont été accusé d’avoir participé au financement du groupe paramilitaire Autodefensas Unidas de Colombia (AUC). La Cour d’Appel fédérale de la région d’Atlanta, aux États-Unis, a jugé que les preuves contre Drummond étaient insuffisantes, une décision qui suscite la colère des travailleurs de l’entreprise.
Les syndicats Sintramienergética, Funtraenergética et les familles des syndicalistes assassinés ont été les premiers à porter l’affaire en justice. Ils ont accusé Drummond d’entretenir des liens avec les groupes paramilitaires depuis 1985. Selon Francisco Ramirez Cuellar, un leader syndicaliste du secteur des mines, des paramilitaires, des travailleurs, des sous-traitants et un ancien chef de la sécurité de Drummond lui ont tous affirmé que l’entreprise avait “financé la création d’un Front Paramilitaire de 200 hommes dès 1886 et lui avait donné trois millions de dollars”.
“L’innocence d’une organisation criminelle”
La décision d’acquitter Durmmond a choqué les travailleurs de l’entreprise, qui sont dans une situation difficile. Deux salariés ont été récemment tués dans un accident de travail à Magdalena. L’entreprise est aussi responsable de pollutions à répétition. En réaction à ces graves infractions, le Mouvement national des Victimes des Multinationales (MNVC) a déclaré : “Nous sommes choqués d’entendre que le porte-parole de l’entreprise est suffisamment cynique que pour venir prétendre que cette organisation criminelle est innocente”.
La cour a également statué qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour démontrer que les dirigeants de Drummond étaient responsables d’un “supposé plan conçu par l’entreprise ayant mené à l’assassinat par l’AUC de civils demeurant à proximité des installations minières et ferroviaires”. Ramirez Cuellar a expliqué que Jim Adkins, chef de la sécurité pour Drummond jusqu’en 2001, et la direction de l’entreprise avait fomenté un plan pour créer “un groupe paramilitaire afin de « garantir » la sécurité dans la zone d’exploitation minière et autour de la voie ferrée qui sert au transport du charbon”.
Les travailleurs et leurs familles avaient décidé d’essayer d’obtenir justice de ces crimes devant des tribunaux en Europe, en Indonésie et en Amérique du Sud. Ils ont également décidé d’appeler à la nationalisation des mines de Drummond et Prodeco (Glencore) et de réclamer des indemnités pour les salariés ainsi que les travailleurs malades et licenciés et leurs familles auprès des deux entreprises.
IndustriALL condamne les perpétuelles violations de droits de l’homme en Colombie et appelle à des actions immédiates pour dissoudre les groupes paramilitaires, conformément aux recommandations répétées des Nations Unies.