27 février, 2015IndustriALL a pris part à la Réunion d’experts sur les formes d’emploi atypiques qui a adopté des conclusions qui renforcent de manière significative les réponses de l’OIT face au travail précaire.
Réuni au siège de l’OIT à Genève du 16 au 19 février, un Comité d’Experts représentant les employeurs, les gouvernement et les travailleurs a débattu de la manière dont l’OIT devait réagir aux menaces pour les droits des travailleurs qu’entraîne l’expansion du travail précaire.
Le débat était étayé par un rapport préparé par l’OIT qui brosse un tableau assez familier. Il montre comment le travail précaire a proliféré au cours des dernières années, en particulier s’agissant des postes peu qualifiés et indique que les femmes et les jeunes sont affectés de manière disproportionnée.
Le rapport souligne les problèmes qui se posent lorsque le travail précaire n’est pas un choix délibéré. L’Europe aussi bien que les États-Unis enregistrent des taux élevés de travail à temps partiel involontaire et, au Royaume-Uni, quatre cinquièmes de tous les travailleurs et travailleuses employés à durée déterminée sont en période d’essai ou ne peuvent trouver un emploi permanent. En Grèce, au Portugal et en Espagne, ce chiffre s’élève à plus de 90% des travailleurs temporaires. Le rapport de l’OIT montre que le travail précaire ne constitue pas nécessairement un marche-pied vers l’emploi permanent. En fait, à mesure que l’emploi temporaire se répand, les travailleurs à temps partiel ont davantage de chances de rester dans une précarité d’emploi et sont jusqu’à dix fois plus susceptibles de se retrouver au chômage que les travailleurs et travailleuses permanents.
L’OIT a confirmé ce que les syndicats savent déjà : les travailleurs précaires gagnent moins que les salariés permanents, ont une couverture sociale inadéquate, sont pénalisés en termes d’opportunités de formation et souffrent d’un taux plus élevé d’accidents. Leur statut d’emploi signifie également qu’ils sont confrontés à des difficultés pour exercer leurs droits à la liberté syndicale et à la négociation collective.
Le rapport complet peut être consulté ici.
La Réunion d’Experts a émis la recommandation que l’OIT poursuive son travail en vue d’améliorer la collecte des données et de faire rapport sur le travail précaire. Elle devrait aussi :
- Promouvoir un meilleur recours aux normes internationales en ce qui concerne le travail précaire
- Analyser où se situent les failles dans les normes et évaluer le besoin d’en adopter de nouvelles
- Examiner et prendre en compte les barrières que rencontrent les travailleurs précaires pour exercer leurs droits à la liberté syndicale et à la négociation collective
- Considérer comment la négociation collective peut contribuer à des conditions de travail décentes.
- Soutenir l’inspection du travail et l’accès pour les travailleurs précaires aux recours en justice
- Considérer comment la sécurité sociale peut être étendue aux travailleurs précaires
- Rendre compte des tendances et créer un répertoire d’informations sur le travail précaire et les pratiques innovantes qui permettent d’assurer la protection des travailleurs précaires.
Chose importante à noter, ces recommandations appellent également à la tenue de Réunions d’Experts sur l’emploi temporaire et sur la discrimination sur base du statut d’emploi, ouvrant ainsi la possibilité de développer de nouvelles normes internationales du travail dans ces deux domaines.
Ces recommandations vont ensuite être présentées au Conseil d’Administration de l’OIT pour approbation.