25 juillet, 2018Les pays doivent élaborer des politiques de l’énergie durables et diversifiées pour assurer une fourniture ininterrompue d’électricité, ont indiqué les délégués syndicaux représentant les travailleurs et travailleuses de l’électricité et du nucléaire qui se sont rencontrés à Saint-Pétersbourg, en Russie, ce 24 juillet.
Youri Ofitserov, président du Syndicat pan-russe de l’électricité, a accueilli les plus de 100 participants venus de 25 pays à la réunion mondiale d’IndustriALL pour les secteurs de l’électricité et du nucléaire.
Les politiques énergétiques doivent être constantes et ne peuvent varier avec chaque gouvernement, ont indiqué les syndicats présents à la réunion.
La consommation d’électricité a plus que doublé depuis 1990 et on compte toujours 1,1 milliard de personnes sans accès à l’électricité. Cependant, en dépit de la demande croissante d’électricité, il faudra de moins en moins de travailleurs qu’auparavant. De nombreux participants ont pointé l’assurance d’une Transition juste pour les travailleurs et travailleuses dont les emplois sont menacés comme un défi majeur.
Les délégués ont débattu des impacts de la déréglementation, de la privatisation et de la libéralisation sur l’emploi et sur les syndicats. Avant la privatisation, on ne comptait que dix compagnies dans le secteur de l’électricité au Japon, il y en a maintenant cinq cents, alors que les prix de l’électricité ont augmenté de 16% pour les ménages et de 21% pour les entreprises.
Au Mexique, 44.000 travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi lorsque la fourniture d’électricité a été privatisée en 2009. Les syndicats se battent contre cette décision depuis lors. Ailleurs, au Zimbabwe, 30.000 travailleurs et travailleuses ont été licenciés à la suite de la privatisation et les personnes qui ont été maintenues en poste sont pour la plupart jeunes, inexpérimentées et titulaires de bas salaires.
Le deuxième moitié de la réunion a été consacrée à l’énergie nucléaire, qui génère 10,6% de l’énergie mondiale. Cependant, dans certains pays, l’énergie nucléaire domine, comme en France, où 220.000 personnes sont employées dans le secteur. Quoi qu’il en soit, financements et investissements sont nécessaires pour maintenir les centrales et les emplois et la France cherche à diminuer sa dépendance vis-à-vis de l’énergie nucléaire.
Alors que la Turquie est sur le point de construire trois nouvelles centrales, ailleurs, les autres pays abandonnent progressivement l’énergie nucléaire. Par exemple, en Belgique, 7.000 emplois seront perdus lorsque les trois centrales seront déclassées, d’ici à 2025.
Igor Fomichov, du Syndicat russe des travailleurs de l’industrie et de l’énergie nucléaire, a précisé que les travailleurs et travailleuses du secteur, qui est entièrement aux mains de l’État, sont hautement qualifiés et ont des rémunérations supérieures à la moyenne. Le secteur génère également de nombreux emplois au niveau de la construction d’infrastructures pour les centrales. Il a indiqué que le gouvernement devait s’assurer que les centrales nucléaires soient sûres parce que l’humanité ne pardonnerait jamais une nouvelle catastrophe.
Ryouichi Hagiwara du syndicat Denryoku Soren, du Japon, a indiqué qu’il y avait eu des progrès considérables au niveau de l’assainissement, sept ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Il a souligné le besoin de concevoir et de construire de meilleures centrales et d’avoir un processus adéquat de démantèlement.
Dans un débat concernant le Réseau syndical international des travailleurs du nucléaire (INWUN), le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a indiqué que son rôle devrait être élargi pour incorporer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du secteur nucléaire, y compris les pays où l’uranium est produit. Le besoin existe également d’un échange d’information entre les pays qui exploitent l’énergie nucléaire et ceux qui débutent en la matière, comme la Turquie et le Kazakhstan.
Livrant ses réflexions sur la réunion, qui s’est tenue à la veille de la Conférence de l’énergie d’IndustriALL, également à Saint-Pétersbourg, Kemal Özkan, a indiqué :
“C’est la stratégie d’IndustriALL de construire une puissance syndicale dans les sous-secteurs de l’énergie par le biais des réseaux. Nos affiliés des secteurs de l’électricité et du nucléaire affichent un engagement sans équivoque en faveur de la coopération internationale et de la solidarité au sein de ces pans importants de l’industrie de l’énergie. Au vu de la grande qualité des interventions et des débats d’aujourd’hui, la voie s’ouvre clairement devant nous pour faire avancer la cause de la solidarité internationale au sein du secteur du nucléaire et de sa chaîne d’approvisionnement.”