1 février, 2023À l’occasion du deuxième anniversaire du coup d’État militaire au Myanmar, le Conseil de Global Unions, représentant 200 millions de travailleurs et travailleuses dans le monde, appelle à une reprise des efforts au plan mondial pour rétablir la démocratie. Le Conseil de Global Unions soutient l’appel de la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM) à une journée d’action mondiale pour exiger la reconnaissance diplomatique officielle du gouvernement d’unité nationale (GUN) en tant que représentant légitime du peuple du Myanmar ainsi qu’à la libération des prisonniers politiques.
Le 1er février 2021, les militaires du Myanmar ont renversé le gouvernement nouvellement élu du pays, interrompant le cheminement du Myanmar vers la démocratie après des décennies de régime militaire. Les militaires ont formé un gouvernement illégitime sous l’égide d’un organe qu’ils appellent le Conseil d’administration de l’État (SAC). Les hommes et femmes politiques démocratiquement élus ont formé un gouvernement appelé le GUN.
Le coup d’État a été largement contesté par la population du Myanmar, qui a formé un mouvement pacifique de désobéissance civile. La réaction de la junte a été brutale, avec des arrestations et des meurtres en masse. À ce jour, 17.481 personnes, parmi lesquelles un grand nombre de syndicalistes, ont été arrêtées et 13.680 sont toujours en détention. 2.892 personnes ont été tuées par la junte. La répression brutale des manifestations non violentes a conduit à la création de groupes armés et le Myanmar est aujourd’hui en état de guerre civile.
Le régime a interdit la plupart des syndicats au Myanmar. De nombreux militants syndicaux sont en détention, d’autres ont été tués ou se cachent. Il est impossible d’exercer le droit à la liberté syndicale.
À l’occasion de l’anniversaire du coup d’État, la CTUM appelle les syndicats du monde entier à organiser des piquets ou des manifestations devant les ambassades du Myanmar et celles des pays qui soutiennent la junte militaire, avec les objectifs suivants :
- Rendre hommage aux héros du Myanmar
- Libérer les prisonniers politiques
- Soutenir la démocratie populaire
- Restaurer le gouvernement légitime
L’une des principales revendications des syndicats du Myanmar est la reconnaissance diplomatique officielle du GUN. La junte cherche à normaliser sa prise de contrôle en demandant une reconnaissance diplomatique en tant que gouvernement de facto du Myanmar.
Bien qu’il soit le représentant légitime et démocratiquement élu du peuple du Myanmar, la reconnaissance diplomatique officielle du GUN n’est pas universelle.
En décembre 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a rejeté une demande de reconnaissance de la part de la junte et le représentant du GUN, qui était en poste avant le coup d’État, a conservé son siège.
Le lobbying du mouvement syndical international a conduit les Conférences internationales du travail de l’OIT en 2021 et 2022 à rejeter la junte.
Toutefois, il n’existe pas de position universelle au sein des organisations des Nations unies et autres organismes internationaux. Bien que la participation du SAC aux sommets de l’ASEAN soit limitée, la junte contrôle les ambassades dans la région et les gouvernements de l’ASEAN interagissent avec le régime lors d’autres réunions et forums.
Le SAC reçoit un fort soutien de la part de la Russie et de la Chine et une certaine reconnaissance de la part de l’Inde et de la Thaïlande. Bien que le Parlement européen ait adopté en 2021 une résolution reconnaissant le GUN comme représentant légitime du Myanmar et que celui-ci ait une présence diplomatique dans de nombreux pays européens, aucun des représentants du GUN n’a d’accréditation diplomatique.
En 2021, les FSI ont demandé aux multinationales de faire preuve d’une diligence accrue et de couper les liens commerciaux directs et associés avec l’armée du Myanmar, afin de se conformer aux Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme ainsi qu’aux Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales. Le désinvestissement devrait être le choix des entreprises lorsque la diligence raisonnable ne peut être exercée. Bien que certaines entreprises aient cessé de faire des affaires au Myanmar, l’armée a pu accéder à une chaîne d’approvisionnement mondiale à partir d’entreprises aux États-Unis, en Europe et en Asie pour fabriquer des armes.
Les FSI appellent leurs syndicats affiliés à exiger de leurs gouvernements nationaux qu’ils reconnaissent le GUN et à faire pression sur les entreprises multinationales avec lesquelles ils travaillent pour qu’elles coupent tous les liens qui bénéficient directement ou indirectement à la junte.
En ce deuxième anniversaire du coup d’État militaire, le mouvement syndical international reste résolu dans sa solidarité avec le peuple du Myanmar. Nous ne lâcherons rien tant que la démocratie ne sera pas rétablie.