8 avril, 2019La campagne en vue d’assainir le secteur de la démolition des navires, le métier le plus dangereux du monde, a reçu un important coup de fouet, le Japon devenant le premier pays asiatique à ratifier la Convention de Hong Kong.
Le Japon est devenu le dixième pays, et le premier d’Asie, à ratifier la Convention de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires, créée par l’Organisation maritime internationale, l’agence maritime de l’ONU.
La finalité de la Convention est de minimiser les risques en matière d’environnement et de santé et sécurité professionnelles, tout en permettant le remplacement des navires anciens. Elle requière une gestion appropriée de la sécurité et de l’environnement, dont l’élaboration d’un plan de recyclage du navire, qui spécifie la manière dont chaque navire va être recyclé. Les bâtiments envoyés au recyclage devront être munis d’un inventaire de leurs matériaux dangereux de sorte à ce que ceux-ci soient correctement pris en compte et les risques éliminés au sein des infrastructures de recyclage.
Il s’agit de prévenir des catastrophes comme l’explosion aux chantiers navals de Gadani au Pakistan en novembre 2016, survenue parce que les travailleurs ont été forcé de commencer à démanteler le navire avant que ses réservoirs ne puissent être purgés du carburant restant.
La Convention de Hong Kong n’entrera en vigueur qu’à ces conditions :
Au moins 15 États doivent l’avoir ratifiée
Les flottes marchandes des États l’ayant ratifiée doivent représenter au moins 40% du tonnage brut mondial
Les États qui l’ont ratifiée doivent avoir recyclé au moins 3% de leur tonnage combiné au cours des dix dernières années
IndustriALL Global Union, qui représente les travailleurs à la fois des chantiers de construction navale et de démolition des navires, fait campagne depuis longtemps pour que les États ratifient la Convention et pour que les armateurs et les propriétaires de chantiers navals s’assurent que les bateaux soient recyclés de manière sûre.
La Convention a été ratifiée par la Belgique, le Danemark, la France, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège, le Panama, la République du Congo, la République de Serbie et la Turquie, qui représentent 23% du tonnage brut de la flotte marchande mondiale. La Serbie et les Pays-Bas ont ratifié la Convention un peu plus tôt dans l’année, donnant un sentiment d’élan à la campagne.
Kan Matsuzaki, Directeur d’IndustriALL pour la construction navale et la démolition des navires, indique :
“Le Japon devient le premier État maritime important d’Asie à ratifier la convention. Nos affiliés JBU et FNV ont fait un gros effort de lobbying auprès des gouvernements japonais et néerlandais pour qu’ils ratifient la Convention.
“Il est clair que la campagne d’IndustriALL sur la Convention fonctionne. Nous allons intensifier et cibler notre lobbying auprès de pays qui sont au cœur de la démolition des navires, comme l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan et la Chine, dont nous avons besoin pour que la Convention entre en vigueur.”
En dépit du fait que la Convention ne soit pas encore en vigueur, l’intense lobbying de la part d’IndustriALL et d’autres acteurs fait que certains armateurs en sont venus à la conclusion que le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires constitue une bonne stratégie d’affaires. Les armateurs et les investisseurs sont conscients des dommages au niveau de leur réputation lorsque que leurs navires sont impliqués dans des accidents ou provoquent des pollutions.
Ces armateurs s’assurent que leurs navires soient recyclés uniquement dans des chantiers navals qui se conforment à la Convention. Ceci crée une émulation pour que les chantiers se fassent concurrence sur le respect des prescriptions plutôt que sur les coûts et en Inde, 72 chantiers sont maintenant en conformité avec la Convention.