4 mai, 2023Le bilan en matière d'ESG du géant suédois de la mode H&M est meilleur que ceux de beaucoup de ses concurrents et ses pratiques d'activité responsable ont scellé une relation constructive avec IndustriALL. Pourtant, H&M refuse de cesser de se fournir au Myanmar, une dictature militaire qui interdit les syndicats et utilise ses rentrées de devises étrangères pour acheter des armes. À son AGM qui s'est tenue aujourd'hui, IndustriALL a posé la question à cette entreprise.
La Myanmar Labor Alliance, qui représente l'essentiel du mouvement syndical du pays, a appelé les entreprises à désinvestir.
Le Myanmar est une dictature militaire qui ne tolère pas la liberté d'association. Son ministère de l'Information indique que les exportations de vêtements ont atteint l'an dernier 4,7 milliards de dollars. Le régime militaire a un cruel besoin de devises étrangères pour acheter des armes, des munitions et du carburant pour la guerre civile qu'il mène contre sa population. En s'approvisionnant au Myanmar, H&M entretient un afflux de devises étrangères qui soutient indirectement le régime.
L'Ethical Trading Initiative, dont H&M fait partie, a publié l'an dernier un rapport constatant qu'une diligence raisonnable est impossible dans un contexte où les porte-voix indépendants des travailleurs sont muselés, où les organisations syndicales sont interdites et les syndicalistes emprisonnés et tués. À la suite de ce rapport, des enseignes mondiales responsables comme Inditex, Fast Retail, Tchibo, Primark et Marks & Spencer ont quitté le pays ou annoncé leur intention de le faire.
"Nous sommes très attachés à notre relation avec H&M, mais sa décision de continuer à se fournir au Myanmar est très préoccupante, parce qu'elle est en totale contradiction avec les pratiques commerciales responsables que en nous attendions. Compte tenu de tout ce qui précède, comment H&M peut-il justifier sa présence au Myanmar ?"
s'est demandé le directeur en charge des campagnes chez IndustriALL, Walton Pantland, à l'AGM de H&M à Stockholm, en Suède.
H&M a répondu avoir une équipe forte dans le pays et collaborer avec le programme MADE in Myanmar de l'Union européenne, un programme que les syndicats du Myanmar ont qualifié de supercherie.
IndustriALL a un accord-cadre mondial avec H&M, et cet accord a été utilisé pour attaquer des pratiques antisyndicales chez des fournisseurs et remédier à des violations des droits des travailleurs. Cette grande marque a fait œuvre de pionnier en soutenant la liberté syndicale auprès de ses fournisseurs et en promouvant la santé et la sécurité des travailleurs; et pourtant, elle refuse de cesser de se fournir au Myanmar.
- H&M a été la première à signer l'Accord du Bangladesh, conclu après l'effondrement du Rana Plaza, il y a dix ans.
- H&M a contribué à la libération de 35 syndicalistes arrêtés au Bangladesh en décembre 2016.
- H&M est un des membres fondateurs de l'Initiative ACT pour le salaire de survie.
Photo de couverture : la dirigeante syndicale Khaing Zar, demandeuse d'asile en Allemagne, devant un magasin H&M à Stockholm