14 mars, 2023Le TUAC, IndustriALL Global et IndustriALL Europe insistent pour que l'impact sur les ouvriers de la sidérurgie soit au centre des débats dans la discussion sur la situation de l'industrie sidérurgique en Ukraine, la décarbonation du secteur de la sidérurgie dans le monde ou l'état des échanges internationaux. Il faut que les travailleurs de la sidérurgie soient informés et consultés sur la question du changement et que leurs emplois soient protégés.
Les enjeux de la sidérurgie mondiale ont fait l'objet des discussions entre les gouvernements, les employeurs, les organisations syndicales et d'autres parties prenantes à la 93e session du Comité de l'acier de l'OCDE des 13 et 14 mars à Paris.
Les syndicats y ont exprimé leurs préoccupations à propos des réformes du marché du travail en Ukraine et elles ont appelé les entreprises et les gouvernements à soutenir et investir dans leurs travailleurs et à veiller à ce que la transition du secteur soit une Transition juste.
La session a débuté par un point sur la situation en Ukraine et sur les impacts sur le marché mondial de l'acier de la guerre que mène illégalement la Russie. Alors que le marché mondial de l'acier continue de souffrir des pénuries d'énergie et de problèmes d'accès aux matières premières, le TUAC a évoqué l'impact sur l'ensemble des travailleurs des tentatives du gouvernement pour réformer la législation du travail et entraver les activités des syndicats, notamment en affaiblissant la négociation collective.
Veronica Nilsson, la secrétaire générale par intérim du TUAC, a déclaré :
"Les travailleurs et les syndicats ukrainiens sont en première ligne face à l'agression illégale de la Russie en Ukraine. Nous exhortons le gouvernement ukrainien à garantir les conditions de travail et les droits à la négociation collective de ceux qui ont conservé un travail et de ceux qui rentreront au pays. Ils ne peuvent être affaiblis par des réformes du marché du travail hâtives. Le droit d'être représenté dans la négociation collective et le dialogue social est une des valeurs fondamentales européennes et il doit être préservé et promu sur la voie de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne."
Plusieurs experts ont dressé l'état de la demande et la production mondiales d'acier et des perspectives pour 2023, qui restent incertaines après les deux années globalement positives de 2021 et 2022. Bien que la Chine, premier producteur mondial, ne soit pas membre de l'OCDE, les syndicats se sont félicités de l'évolution de l'industrie sidérurgique du pays, tout en constatant que la surcapacité mondiale continue de poser problème.
Le risque d'une crise de surcapacité s'est accru avec un écart entre la capacité mondiale et la production d'acier brut se situant à 632 mmt en 2022, contre 516,9 mmt en 2021. La surcapacité mondiale tirant les cours vers le bas et créant des distorsions de concurrence, les organisations syndicales réclament une nouvelle fois une action conjointe au niveau international.
La secrétaire générale adjointe d'IndustriALL Global Union, Christine Olivier, a déclaré :
"La transition ne peut pas et ne doit pas peser sur les épaules des travailleurs. Les multinationales doivent assumer totalement leurs responsabilités en investissant dans la décarbonation et dans les travailleurs. C'est une question de justice sociale et environnementale."
Après l'exposé du TUAC sur la nécessité d'une Transition juste au dernier Comité de l'acier de l'OCDE, la question de la décarbonation de la sidérurgie était de nouveau à l'ordre du jour avec des interventions de représentants du G-7 et du G-20. IndustriALL Europe a rappelé aux gouvernements et aux employeurs des pays de l'OCDE que la transition verte doit être une Transition juste et a déposé, au nom des syndicats, des revendications concrètes pour faire que les travailleurs ou certaines régions ne soient pas oubliés.
Judith Kirton-Darling, la secrétaire générale adjointe d'IndustriALL European Trade Union, a déclaré :
"La décarbonation de la sidérurgie à l'échelon mondial est un défi global, et nous nous félicitons de ce que l'OCDE s'y intéresse de plus en plus. Les travailleurs de la sidérurgie sont au centre de la transition verte et ils doivent être associés à toutes les étapes de la transition, ce qui implique un dialogue social de qualité à tous les niveaux ainsi qu'une planification et une anticipation adéquates du changement pour s'assurer qu'aucun travailleur et qu'aucune région ne seront laissés de côté. Rien de ce qui nous concerne sans nous !"
Le Comité de l'acier de l'OCDE a aussi discuté de la possibilité de mettre sur pied un observatoire de la chaîne d'approvisionnement, en raison des crises de l'énergie et des matières premières qui continuent de susciter des incertitudes, des hausses de prix, des déroutements de matières premières et parfois des arrêts de la production d'acier. L'OCDE voudrait déposer un projet d'ici la fin 2023.