16 mai, 2019Les dirigeants des syndicats colombiens des mines Sintracarbón, affilié à Global Union IndustriALL, et Sintramienergética ont reçu des menaces de mort après leur rencontre avec des députés néerlandais et les représentants de Glencore, Cerrejon et Drummond.
Le 11 mai, le dirigeant national de Sintracarbón, Igor Kareld Díaz, et les membres de Sintramienergética, Juan Carlos Rojas, Dairo Mosquera, Gustavo Benjumea et Jairo Córdoba, ont reçu, via les médias sociaux, un flyer de la part du groupe paramilitaire « Aguilas Negras » contenant des menaces de mort.
Le groupe a menacé de tuer les dirigeants qu’il accuse d’être des « guérilleros déguisés en travailleurs » et de vouloir imposer une nouvelle forme de socialisme en Colombie. Les auteurs des menaces ont également donné 48 heures aux dirigeants pour quitter le pays ou « subir les conséquences ».
« Je condamne ces menaces car nous sommes des agents de la paix et nous utilisons notre rôle syndical pour obtenir l’équité et la justice pour les travailleurs et la société dans son ensemble. J’appelle au respect de notre vie et à l’exercice du droit à la liberté syndicale »,
a déclaré Igor Díaz.
Les menaces ont été proférées après que l’ambassade des Pays-Bas et l’organisation syndicale néerlandaise CNV aient tenue une réunion officielle, le 6 mai, afin que les députés néerlandais puissent en savoir plus sur la situation de l’extraction du charbon et des mineurs en Colombie. Outre les parlementaires, ont participé à la réunion des leaders syndicaux et communautaires, et des cadres de direction des multinationales Prodeco-Glencore, Cerrejon et Drummond.
Ce n’est pas un hasard si trois des dirigeants syndicaux qui ont reçu les menaces de mort sont impliqués dans les négociations en cours avec Drummond.
Le Syndicat des travailleurs du pétrole USO et le Syndicat des travailleurs de l’électricité Sintraelecol et Sintracarbón – tous affiliés à IndustriALL – ont publié une déclaration condamnant les manœuvres d’intimidations violentes. Ils ont indiqué que ces menaces font partie d’un processus systématique d’élimination des dirigeants d’opposition et syndicaux en Colombie, qui a vu l’assassinat de 262 personnes depuis l’arrivée au pouvoir d’Iván Duque. Ils ont condamné le gouvernement en raison de son ignorance de ces faits et de son absence d’intervention pour protéger les dirigeants syndicaux, empêcher de tels actes ou tenir les responsables de rendre des comptes.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, a rédigé une lettre adressée au Président Duque, dans laquelle il indique que, compte tenu de la longue histoire de violence à l’égard des dirigeants syndicaux et sociaux en Colombie, ces menaces devraient être prises très au sérieux et avec la plus grande attention.
Sanches a exhorté le Président à intervenir immédiatement pour garantir la liberté syndicale et protéger le bien-être physique, mental et moral des travailleurs. Il a conclu :
« Les auteurs de ces menaces doivent être identifiés et tenus de rendre des comptes. Nous vous exhortons, vous et votre gouvernement, à vous assurer que les conditions et les garanties nécessaires sont en place pour protéger la vie des dirigeants syndicaux et sociaux en Colombie, et permettre aux syndicats d’agir librement ».