8 septembre, 2017Un syndicat de mineurs brésilien fait campagne contre l'ouverture de la forêt amazonienne à l'exploitation minière.
Le 23 août, le Président conservateur brésilien Michel Temer a abrogé le statut de réserve d'une partie de la forêt tropicale amazonienne, permettant ainsi aux compagnies minières de la mettre en exploitation. La Réserve nationale de cuivre et associés (Renca) couvre 46.000 km², une superficie supérieure à celle du Danemark.
Cette réserve est réputée abriter d'importantes réserves de cuivre, d'or, de minerai de fer, de tantale, de nickel et de manganèse. Plus d'une vingtaine de compagnies minières brésiliennes et internationales ont manifesté leur intérêt pour l'exploitation de cette région.
La semaine dernière, un juge fédéral brésilien a ordonné l'arrêt temporaire du projet. Cependant, les militants pensent que le Président Temer le fera adopter par le Congrès.
Le Brésil a connu une horrible succession de tragédies minières qui lui laisse un sinistre héritage. En 2015, un barrage avait cédé à la mine Samarco de Mariana, faisant 19 morts, déplaçant 500 personnes et contaminant le cours d'eau.
Notre affiliée, la Confederacão Nacional dos Ramos Quimicos da Central Unica dos Trabalhadores (CNQ-CUT), a exprimé son opposition au projet du Président Temer.
Dans son communiqué, la CNQ-CUT, déclare :
"Le cœur de la forêt amazonienne, dont l'importance ne se limite pas à l’environnement national, mais qui exerce aussi une grande influence sur la dynamique du climat de la planète, a été aboli d'un coup de plume par l'usurpateur Michel Temer.
"Les grandes compagnies minières ont eu connaissance à l'avance d'informations réservées sur l'initiative du gouvernement. La population n'a pas du tout participé à la discussion. Les mouvements environnementaux, sociaux et la communauté locale n'ont pas été consultés.
"Il n'y a eu aucun débat; le seul bénéficiaire sera le marché. Il faut un débat sur le modèle de développement économique et social que le pays veut adopter. Les initiatives qui donnent la priorité à l'extraction des ressources et matières premières pour les marchés étrangers relèvent d'un modèle rétrograde et d'un autre âge qui ne favorise que la concentration des richesses.
"Le Brésil a connu de nombreuses tragédies minières. Nous parlons de travailleurs mutilés et contaminés à cause de la négligence des entreprises, de la déforestation, de la pollution des rivières, du prix social que paient les populations par les violations des droits de l'homme, un manque d'accès à l'eau potable, etc.
"L’environnement subit des dégâts irréparables dont pâtiront les générations futures. C'est "l'héritage maudit" de la ruée vers l'or de la Serra Pelada et toutes les régressions sociales et environnementales qui y sont associées. Ou celui de Mariana, et de ce grand crime qui reste impuni."
Pour la CNQ-CUT, s'ils veulent défendre l'Amazonie, les militants doivent s'opposer au gouvernement Temer et aux entreprises qui le soutiennent.
Le Secrétaire général d'IndustriALL Global Union, Valter Sanches, a déclaré :
"Faire d'une grande partie de la forêt tropicale de l'Amazonie une concession minière serait un désastre. Les mineurs veulent des emplois, mais pas au détriment de l’environnement naturel et des communautés indigènes qui y vivent.
"Nous avons besoin d'une industrie minière qui offre des emplois sûrs, écologiquement durables et respectueux des cultures. Nous appelons le monde entier à soutenir la CNQ-CUT dans sa défense de la forêt, et à s'opposer à la prise du contrôle du Brésil par les entreprises grâce au gouvernement Temer."
Depuis 1970, plus de 19 pour cent de la forêt tropicale amazonienne ont été détruits par l'activité économique. La destruction de la forêt tropicale contribue au changement climatique. L'Amazonie produit quelque 20 pour cent de l'oxygène de la planète.