21 mars, 2017Le président du Syndicat bélarussien des travailleurs de l'industrie de la radio et de l'électronique (REPAM), affilié à IndustriALL Global Union, qui est aussi membre suppléant du Comité exécutif de la Région européenne d'IndustriALL, Gennady Fedynich, a été reconnu coupable de participation à une manifestation de masse illégale après avoir pris part à des actions de protestation contre le décret présidentiel sur la dépendance sociale, et condamné à une amende de 640 $.
Gennady Fedynich, qui préside le REPAM, a été jugé le 17 mars par le tribunal de Minsk. Il était accusé d'avoir pris part à une "Marche des Bélarussiens en colère" non autorisée et illégale, le 17 février à Minsk, et de violation répétée de la loi "sur les manifestations de masse". À l'audience, le leader syndical a dit qu'il n'avait pu faire autrement. Son syndicat a rassemblé 45.000 signatures demandant l'abolition du décret n° 3 "sur la prévention de la dépendance sociale". Suivant ce décret, les citoyens bélarussiens qui restent sans travail pendant plus de six mois doivent acquitter une taxe de 240 $. Des chômeurs qui avaient sollicité l'aide du syndicat participaient à ce rassemblement et son président jugeait sa présence essentielle.
Gennady Fedynich a déclaré :
"J'ai dit au tribunal que les gens vont protester, même si les autorités emprisonnent tous les opposants. C'est à cause du gouvernement, et lui seul, que les gens vont manifester. Maintenant, le décret va rester d'actualité, mais il y aura aussi des revendications socio-économiques et peut-être politiques aussi".
D'après le dirigeant du syndicat, le procès s'est déroulé de manière démocratique. Toutes les parties ont pu faire connaître leurs positions et personne n'a été interrompu. À la fin, le tribunal a reconnu Gennady Fedynich coupable et l'a condamné à une amende de 640 $.
Ce même 17 mars, le tribunal a également jugé le contrôleur juridique du REPAM, Leonid Sudalenko, qui a reçu un avertissement. L'activiste syndical Andrej Strizhak a été condamné à 10 jours d'arrêts administratifs.
À ce jour, plus de 20 activistes du syndicat ont subi des représailles pour avoir protesté pacifiquement contre le décret n° 3. Ils ont été arrêtés pour des périodes allant de 2 à 15 jours et reçu des amendes dont le total dépasse les 3.000 $.
Beaucoup se plaignent que, lors de leur arrestation, les policiers en civil ont recouru à une force physique injustifiée et aux gaz lacrymogènes.
Le Président du Belarus, Alexandre Loukachenko, a exigé que le gouvernement trouve des emplois pour tous les chômeurs d'ici au 1er mai. Des Biélorussiens pourraient être orientés vers des services à la collectivité, en replantant des forêts par exemple. Ces emplois sont mal rémunérés et ne prennent pas en compte l'expérience et le niveau d'instruction des travailleurs.
Malgré la campagne d'intimidation des autorités, les adhérents préparent de nouvelles actions de protestation contre le décret inique pour le 25 mars (Journée de la Liberté) à Minsk, le 26 mars dans plusieurs villes de province, et le 26 avril, dans le cadre du rassemblement organisé chaque année par l'opposition pour commémorer la catastrophe de Tchernobyl.