16 mars, 2017Environ 50 personnes du Belarus, parmi lesquelles au moins 12 syndicalistes, ont été brutalement arrêtées en représailles à une série de manifestations de masse organisées contre le décret présidentiel imposant une taxe sur les chômeurs.
Le Décret n° 3 du Président Lukashenko « relatif à la prévention de la dépendance sociale », surnommé le décret « sur les parasites sociaux », pénalise les personnes sans emploi depuis plus de six mois en leur prélevant une taxe de 240 US $.
Selon les estimations, 3 000 personnes ont défilé dans la capitale Minsk le 15 mars, alors que des milliers d’autres ont participé à des manifestations dans tout le pays au cours de cette semaine pour exiger également la démission du Président.
De nombreux syndicalistes arrêtés sont membres de l’affilié à IndustriALL Global Union, le syndicat des travailleurs de l’industrie biélorusse de la radio et de l’électronique (REPAM). Treize autres personnes ont été condamnées à une amende de 500 US$ pour violation de la loi en raison de leur organisation et de leur participation à des manifestations.
La dirigeante du REPAM pour la ville de Bobruisk, Galina Smirnova, a été interpellée une heure avant le rassemblement du 12 mars à Orsha. Détenue pendant huit heures au poste de police local pour avoir enjoint les syndicalistes à continuer de manifester jusqu’à ce que le Président annule le décret, elle n’a pas pu rejoindre ses collègues et participer au rassemblement.
Le président du REPAM, Gennady Fedynich, devant lui-même passer en jugement dans le cadre d’une manifestation organisée contre le Décret n° 3 en février, a déclaré:
« Je voudrais poser la question de savoir pourquoi ces personnes ont été arrêtées. Les rassemblements pacifiques sont-ils interdits? La loi martiale a-t-elle été décrétée? Je suis sûr que les autorités cherchent à faire peur aux gens, ce qui est une grave erreur ».
Les représentants syndicaux préparent une nouvelle plainte devant l’Organisation internationale du travail et appellent les organisations partenaires du REPAM dans d’autres pays à dénoncer la situation du Belarus à leurs gouvernements et à leurs employeurs.
Dans une lettre au Président Lukashenko, le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, déclare:
« IndustriALL Global Union condamne avec la plus grande fermeté l’arrestation des contestataires pacifiques au cours de l’année dernière alors qu’ils avaient légitimement exprimé leur opposition à la taxe sur le chômage. Nous exhortons les autorités biélorusses à libérer immédiatement tous les manifestants de la société civile, dont les 12 syndicalistes.
« IndustriALL Global Union demande la suppression de la taxe sur le chômage qui constitue une violation flagrante de l’article 41 de la Constitution de la République du Belarus ainsi que des normes fondamentales internationales du travail, parmi lesquelles la Convention n° 105 de l’OIT concernant l’abolition du travail forcé ».
Beaucoup considèrent les arrestations comme un avertissement envoyé à la population par les autorités pour la dissuader de participer à l’important rassemblement de protestation sur le thème de la « Journée de la liberté » prévu pour le 25 mars.
Pour en savoir plus sur le sujet:
Biélorusses manifestant contre la taxe sur les « parasites sociaux »