2 août, 2012Aux Philippines, 16 syndicats représentant le personnel des industries du textile, de l’habillement, de la métallurgie, de l’automobile, de l’électronique, du ciment et des mines, se sont réunis en juillet pour élaborer un plan d’action contre les agences de travail intérimaire et temporaire.
Les affiliés philippins de IndustriALL Global Union se sont réunis les 26-27 juillet 2012 pour une conférence nationale qui s’est tenue à Manille à l’Université des Philippines. Les dirigeant(e)s et militant(e)s syndicaux/ales ont examiné les conséquences de l’emploi précaire, qui se développe depuis des années et provoque une segmentation du marché du travail et de grandes inégalités sociales et économiques.
Annie Adviento, représentante régionale de IndustriALL, a informé les syndicats philippins de la réussite du Congrès fondateur de IndustriALL Global Union en juin 2012, et a signalé que l’une des priorités absolues de la nouvelle organisation syndicale mondiale concerne la campagne ‘STOP à l’emploi précaire’.
Le Dr Rene Ofreneo de l’Université des Philippines a démontré dans son exposé les liens entre l’emploi précaire et la pauvreté grandissante aux Philippines. “Du fait que davantage de personnes sont embauchées pour un temps limité (en tant que stagiaires, travail à court terme, emploi lié à un projet, agences de travail intérimaire), et comme l’externalisation des emplois devient la norme et que le syndicalisme est en déclin, force est de constater que sur 40 millions de travailleurs et travailleuses aux Philippines, 250.000 seulement sont couverts par une convention collective”.
Le combat en faveur de l’emploi régulier et contre des conditions d’emploi précaires est actuellement le principal enjeu des syndicats. La survie des emplois décents en dépend… de même que la survie de notre SYNDICAT.
Tony Salvador – LEARN Philippines
Tony Salvador du réseau ouvrier d’éducation et de recherche-LEARN affirme que le travail contractuel et les emplois fournis par des agences constituent le problème le plus important auquel le mouvement syndical fait face, du fait qu’il porte atteinte aux droits les plus élémentaires des travailleurs et travailleuses, et notamment aux principales normes fondamentales du travail. Tony a également informé les syndicalistes des débats en cours au Congrès des Philippines qui concernent les projets de loi sur le travail contractuel et les emplois intérimaires. Le mouvement syndical philippin a fait campagne en faveur d’une loi plus stricte sur la sous-traitance et le travail intérimaire, et pour que l’employeur principal assume ses responsabilités en tant qu’employeur direct. Tony a également affirmé que “dans les faits, la sécurité de l’emploi se traduit par un développement économique”.
Vonny Diananto, également représentant régional de IndustriALL, a partagé l’expérience du FSPMI (Fédération des métallurgistes d’Indonésie) et la stratégie de syndicalisation de 20.000 intérimaires dans l’automobile et l’industrie électronique en Indonésie.
Aranya Pakapath, coordinatrice régionale de IndustriALL pour des projets sur les emplois contractuels et intérimaires, a parlé brièvement de l’expérience acquise par le syndicat des travailleurs contractuels de l’Inde (PCSS), qui s’est battu constamment pour obtenir sa reconnaissance syndicale et un emploi régulier pour le personnel contractuel employé dans les cimenteries Holcim en Inde.
Dans des ateliers, les syndicalistes philippins ont identifié des questions qui leurs sont communes, dont l’une concerne la clause d’exclusion inscrite dans les conventions collectives, selon laquelle seuls les membres du personnel ayant un emploi régulier sont concernés par la négociation, ce qui signifie que le ‘droit de se syndiquer’ et de ‘négocier collectivement’ ne s’applique pas à tous les travailleurs et travailleuses.
À la fin des deux journées de conférence, les délégué(e)s syndicaux/ales ont convenu que le mouvement syndical a la responsabilité de mener la lutte contre l’emploi précaire, et de promouvoir le travail décent pour tous les travailleurs et travailleuses. Les syndicalistes ont décidé de mettre en œuvre une formation syndicale pour le personnel contractuel et intérimaire qui travaille aux côtés du personnel régulier dans les usines, et de soutenir une meilleure protection des droits de la personne et des droits syndicaux du personnel non régulier. Cet engagement s’est manifesté dans la déclaration conjointe d’unité contre l’emploi intérimaire/précaire, approuvée par les participant(e)s à la fin de la conférence.