17 mai, 2021À la suite d’informations selon lesquelles les travailleuses de l’entreprise taïwanaise Hippo Knitting sont victimes de harcèlement sexuel et de violence sur leur lieu de travail, l’affilié d’IndustriALL Global Union, IDUL, Syndicat démocratique indépendant du Lesotho, se bat contre ces transgressions endémiques.
L’usine taïwanaise Hippo Knitting, située à Maseru, au Lesotho, fournit des vêtements de sport à Fabletics, une marque cofondée par l’actrice Kate Hudson.
Trois travailleuses, membres de l’IDUL, confirment que le harcèlement sexuel et les agressions verbales sont monnaie courante dans l’usine et prennent de nombreuses formes, notamment celle de se faire déshabiller lors des fouilles. La violence verbale, y compris des commentaires sur le corps des femmes et autres remarques désobligeantes, est quotidienne.
La direction s’intéresse également à la vie privée des femmes, notamment à leurs relations, et utilise ces informations pour décider qui doit se présenter au travail le week-end pour faire des heures supplémentaires.
Mathabiso Moshabe, une déléguée syndicale de l’usine, raconte :
“L’entreprise demande aux travailleuses de se déshabiller pendant les fouilles lorsqu’elles quittent le travail et justifie cela en disant qu’elle les soupçonne de voler. Mais nous refusons ces fouilles corporelles qui sont humiliantes, irrespectueuses et contraires à notre dignité.
L’un des responsables des ressources humaines taquine les travailleuses en leur disant que si elles se déshabillent bien pour se faire prendre en photo, pourquoi ne pas se déshabilleraient-elles pas pour les fouilles corporelles ? Le responsable se moque également de leur corps, de leur façon de s’habiller ou des chaussures qu’elles portent.”
Sur les 1.000 salariés de Hippo Knitting, 538 sont membres de l’IDUL, dont 479 sont des femmes. Avec plus de 50 % de membres dans l’usine, le syndicat s’apprête à signer un accord de reconnaissance avec l’usine, conformément à la législation du travail, de nouveaux membres continuant à adhérer.
Cependant, Hippo Knitting a annulé l’accord de prélèvement à la source des cotisations syndicales, comme suite à la récente action syndicale réclamant la publication au journal officiel de nouveaux barèmes salariaux.
Mamahlomola Ntikoane, qui a la charge de la trésorerie de l’IDUL et représente le syndicat chez Hippo Knitting, déclare :
“Une femme a été harcelée sexuellement par un contremaître, mais le département des ressources humaines n’a pas agi. Au lieu de cela, l’auteur des faits a été transféré dans une autre usine. Les managers sont également impliqués dans le harcèlement sexuel. Une femme cadre a suivi un travailleur dans les toilettes et a tenté de saisir ses parties génitales.”
Hippo Knitting n’est pas la première usine où l’IDUL lutte contre le harcèlement sexuel. À Nien Hsing, l’IDUL, avec d’autres syndicats et des partenaires internationaux, a fait campagne pour qu’un accord soit conclu afin de mettre fin au harcèlement sexuel dans l’usine.
Christina Hajagos-Clausen, Directrice d’IndustriALL pour le textile, a déclaré :
“Nous condamnons la violence sexuelle et sexiste chez Hippo Knitting, qui constitue une violation des droits humains et syndicaux et de la dignité des travailleurs et travailleuses. Nous soutenons l’IDUL dans sa campagne pour mettre fin aux abus dans les usines de confection du Lesotho.”
Le secteur de la confection du Lesotho emploie plus de 40.000 personnes, dont 70 % sont des femmes. L’usine fournit les vêtements dans le cadre de la Loi sur le développement et les opportunités africaines (African Growth and Opportunity Act, AGOA), qui autorise les exportations en franchise de droits du Lesotho vers les États-Unis.
Crédit photographique : usine de confection au Lesotho, Enhanced Integrated Framework, Flickr