29 mars, 2016IndustriALL Global Union, la CSI et la centrale syndicale américaine AFL-CIO se sont réunis à Washington DC les 23 et 24 mars pour débattre de la manière dont le mouvement syndical international va appréhender les pressions résultant des politiques consécutives à l’Accord de Paris conclu lors du sommet climatique de la COP21 en décembre dernier.
L’axe particulier de cette réunion était de considérer comment atteindre une Transition juste pour les travailleurs et travailleuses affectés. Plusieurs affiliés d’IndustriALL des secteurs de l’automobile, de l’énergie et des mines se sont joints à la réunion et ont mis sur la table de précieux éléments spécifiques à leurs industries.
Le Secrétaire d’État américain à l’Énergie, Ernest Moniz, s’est également joint à la discussion ainsi que Samantha Smith du WWF et David Crane, ancien PDG de NRG.
Les travailleurs et travailleuses du secteur de l’énergie, en particulier du charbon, mais également des industries qui dépendent lourdement de l’énergie, seront fortement affectés par les efforts en vue de contrôler les gaz à effet de serre et de limiter le changement climatique, dans la logique de l’Accord de Paris.
Les énergies renouvelables vont se développer rapidement à l’avenir de sorte à constituer une plus grande proportion du mix énergétique global, mais entretemps, le mouvement syndical doit s’assurer que ce ne seront pas les travailleurs et travailleuses qui vont payer le prix pour l’empreinte écologique de leurs industries.
Les syndicats nord-américains ont souligné les perspectives offertes par la technologie, dont des solutions de pointe en matière de captage et de stockage du dioxyde de carbone (CCS pour le sigle anglais couramment utilisé), mais également le besoin de financements nationaux pour la Transition juste afin d’alléger les problèmes auxquels les travailleurs et travailleuses vont être confrontés.
Brian Kohler, Directeur d’IndustriALL pour la durabilité, a indiqué :
Notre priorité première sera toujours de défendre les travailleurs et travailleuses d’aujourd’hui dans leurs emplois existants, en revendiquant une transformation industrielle qui les rende plus durables. Cependant, des changements radicaux se profilent dans certains secteurs, et si ne nous montrons pas disposés à nous battre pour une Transition juste en faveur de ces travailleurs et travailleuses, c’est à coup sûr à sa version injuste que serons confrontés.
Les émissions de gaz à effets de serre doivent cesser d’augmenter au plan mondial (ce mois de février a été le plus chaud jamais enregistré), sinon l’Accord de Paris conclu pour conserver le réchauffement climatique sous les 2°C ne sera pas respecté et les conséquences sociales, économiques et environnementales que chacun subira, partout dans le monde, seront catastrophiques
Sur certains aspects, le mouvement syndical a des intérêts qui recoupent ceux des ONG qui défendent l’environnement. Sur d’autres aspects, nous partageons les mêmes préoccupations que nos employeurs. Cependant, l’expertise en matière de transformation industrielle et la manière de rendre ce changement équitable socialement est du domaine de compétence du mouvement syndical. Nous exigeons une place à la table aux côtés des gouvernements et des autres parties prenantes dès lors que se joue le sort des travailleurs et travailleuses, de leurs familles et de communautés entières qui dépendent de ces industries. Comme le dit Mike Langford de l’UWUA : “Si nous ne sommes pas à la table, vous pouvez parier que nous serons au menu !”
L’importance de la justice environnementale dans ce contexte est claire : en particulier dans le monde en développement, de nombreuses communautés sont dépendantes d’un seul secteur, tel celui des mines. Mais aussi, ces exploitations figurent souvent au nombre des plus grands contrevenants en matière d’environnement, en raison de l’absence ou de la faiblesse des réglementations nationales et de la présence de technologies plus anciennes.
Une Transition juste ne se fera pas d’elle-même et le soi-disant libre marché n’en accouchera pas. Elle demande d’intenses lobbying et échanges autant avec les entreprises qu’avec les gouvernements. À défaut, les travailleurs et travailleuses seront les victimes de l’effervescence de dernière minute pour rencontrer les exigences de l’Accord de Paris, sans prendre en compte les nécessaires considérations socio-économiques. IndustriALL, la CSI et l’AFL-CIO se sont accordés à dire qu’il fallait agir, et qu’il fallait le faire maintenant.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Jyrki Raina, a conclu :
Il va de notre responsabilité de faire preuve de leadership à ce moment crucial de l’histoire. Nous ne pouvons pas négocier contre les lois de la physique, mais nous pouvons, et nous le ferons, prôner des politiques industrielles durables et exiger justice et emplois décents pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses d’aujourd’hui et de demain.