12 mars, 2025"Vous devez démanteler le patriarcat, où que vous soyez" ont scandé les 350 déléguées qui participaient à la conférence nationale des femmes du Syndicat national des mineurs (NUM) qui s'est tenue les 7 et 8 mars à Johannesburg.
Cette conférence, à laquelle participaient des fédérations syndicales, des syndicats mondiaux et des organisations de la société civile, se tenait sur le thème "Les femmes de la classe laborieuse font progresser la transformation socioéconomique". Les travailleuses étaient exhortées à combattre et déraciner les systèmes patriarcaux et leurs pratiques dans le monde du travail en Afrique du Sud. "Le NUM poursuit la promotion de l'égalité de genre, conteste les rôles de genre traditionnels et s'engage à accroître la participation des femmes" peut-on lire dans certaines résolutions. Les participantes ont appelé les organes chargés de l'application des lois à venir à bout des cas de violence fondée sur le genre et de féminicide (VFGF) qui se multiplient.
La Fondation pour l'éducation civique en Afrique (ACEP), qui collabore avec le NUM, affilié à IndustriALL Global Union, à un programme de lutte contre la VFGF, a présenté des statistiques lugubres sur le viol et le harcèlement sexuel. D'octobre à décembre 2024, on a recensé 11.803 cas de viol et 2.188 agressions sexuelles signalés à la police sud-africaine.
Pour les syndicats, bien que l'Afrique du Sud ait des lois et des politiques pour l'élimination de la VFGF, leur application est médiocre. Sur le plan législatif, ce sont la Loi de 2007 amendant la Loi pénale (délits sexuels et assimilés) et la Loi de procédure pénale de 1997. L'Afrique du Sud a aussi une politique nationale de prévention du féminicide, qui dit que "Le féminicide, le fait de tuer des femmes et des jeunes-filles est la forme la plus extrême et la plus grave de violence fondée sur le genre."
Cette conférence, organisée à l'initiative de la structure des femmes du NUM, qui représente les travailleuses des industries de la mine, de l'énergie, de la construction et du métal, coïncidait avec la Journée internationale de la femme, que les participantes ont célébrée.
À son agenda figuraient des appels en faveur de l'égalité de genre et de la diversité, de la fin de la discrimination de genre, des revendications portant sur des salaires équitables, de la protection contre les pratiques déloyales du travail, de la protection de la maternité, de conventions collectives reflétant les intérêts des travailleuses, du comblement de l'écart de rémunération entre hommes et femmes, de programmes de formation et de perfectionnement des compétences inclusifs, de formations des femmes aux postes de direction dans les syndicats, d'une meilleure application des lois sur l'équité dans l'emploi, la santé et la sécurité, la sécurité sociale et d'un renouveau de l'organisation syndicale et de la solidarité. Les dimensions de genre de l'avenir du travail, du changement climatique et de la Transition juste ont également été discutées.
Les participantes ont réclamé une représentation à 50 pour cent des femmes dans les structures syndicales et davantage de possibilités de formation pour les femmes ainsi qu'un réexamen et une mise à niveau des programmes de formation en cours.
Magrett Gabanelwe, qui a été élue présidente de la structure des femmes du NUM pendant la conférence, a déclaré :
"Nous restons déterminées et unies dans la défense des droits des femmes dans le syndicat et au travail. Les femmes sont toujours exposées à l'exploitation sexuelle et à la violence fondée sur le sexe et au harcèlement et il faut que cela s'arrête."
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, a ajouté :
"Nous exhortons le gouvernement sud-africain à faire appliquer sa législation et à y intégrer la convention 190 pour mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail. Que les crimes contre les femmes au travail et dans la société se multiplient sans que leurs auteurs soient jamais arrêtés est quelque chose d'effroyable."