7 juillet, 2020Depuis mai, il y a eu plus de 30 accidents industriels en Inde, qui ont tué au moins 75 travailleurs et travailleuses et en ont blessé plus d’une centaine. Ces chiffres sont basés sur les incidents signalés et le nombre réel pourrait être bien plus élevé.
Written by: 2020-07-07 14:48:43 +0200
Depuis que l’Inde a repris le travail après le confinement dû à la Covid-19, un accident industriel a eu lieu au moins tous les deux jours, tuant et mutilant des travailleurs et travailleuses, polluant les alentours et ayant des conséquences à long terme sur la santé et l’environnement.
La fuite de gaz toxique à l’usine de LG Polymers dans l’Andhra Pradesh le 7 mai dernier a remis en mémoire la tragédie de Bhopal. L’explosion de la chaudière de Yashashvi Raasayan Private Limited à Dahej, Gujarat, a tué au moins huit personnes et en a blessé une quarantaine. Les explosions de chaudières à la centrale thermique de la Neyveli Lignite Corporation au Tamil Nadu le 7 mai, puis le 1er juillet, ont tué au moins 20 personnes.
Les accidents ont continué en juillet dans les usines chimiques, les mines de charbon, les aciéries et dans les centrales électriques, avec des explosions de chaudières. Le recours généralisé au travail en sous-traitance, l’absence d’inspections de sécurité, l’insuffisance des mesures pénales contre les infractions à la sécurité et le fait que de ne pas établir la responsabilité de l’employeur sont quelques-uns des facteurs importants qui contribuent à ces accidents.
Cette série d’accidents révèle un schéma de défaillances systémiques : des industries dont les activités se sont interrompues sans procédure de mise à l’arrêt appropriée, des processus mal planifiés ainsi que l’incapacité à assurer une maintenance et une inspection adéquates pendant l’arrêt ont conduit à des accidents lorsque les processus industriels ont été redémarrés.
Dans un courrier adressé au Premier Ministre d’Inde, IndustriALL a souligné que ce type d’erreur relève de la catégorie des défaillances de la Gestion de la Sécurité opérationnelle et a averti le gouvernement indien qu’il devait remédier immédiatement à cette défaillance systémique des contrôles de sécurité afin d’éviter toute autre catastrophe potentielle de l’ampleur de celle de Bhopal en 1984.
Lors d’une conférence de presse tenue ce jour, Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL a déclaré :
“Nous sommes gravement préoccupés par le nombre incessant d’accidents mortels évitables. Ce ne sont rien d’autre que des homicides industriels et le gouvernement indien doit immédiatement tirer la sonnette d’alarme au plan national afin d’imposer des mesures de sécurité et des protocoles appropriés pour prévenir les accidents.
Les normes et instruments internationaux, en particulier au regard des droits des travailleurs, jouent un rôle central dans l’amélioration de la sécurité. Le gouvernement doit consulter les syndicats, écouter leurs revendications ainsi que mettre en œuvre et contrôler les mesures de sécurité de manière collective. IndustriALL est prêt à travailler avec toutes les parties prenantes et à fournir un soutien technique pour améliorer la sécurité. Ni le monde, ni l’Inde ne peuvent connaître un autre Bhopal.”
S’adressant également à la presse, le Dr G. Sanjeeva Reddy, Président de l’INTUC et de la Fédération nationale indienne des métallurgistes, affiliée à IndustriALL, a déclaré :
“Le gouvernement indien doit constituer une commission d’experts chargée d’analyser les accidents industriels, de s’attaquer immédiatement à cette crise de la sécurité et de mettre un terme aux accidents potentiels. Le gouvernement doit impliquer les syndicats dans le processus de décision, tant au niveau national qu’au niveau des usines, afin d’éviter les accidents à l’avenir.”